Voyage en Bretagne (Finistère (29) et Ouessant)

26 octobre 2002 - 27 octobre 2002 - 28 octobre 2002 - 29 octobre 2002 - 30 octobre 2002 - 31 octobre 2002 - 1° novembre 2002 - 2 novembre 2002

 

31 octobre 2002 : brouillard assez dense le matin, puis ciel couvert l'après-midi

A peine réveillé, ce matin, on devine une ambiance différente des autres jours, car au loin, une corne de brume retenti. En effet, un épais brouillard envahie l'île. C'est à peine si les maisons de l'autre côté de la route sont visibles. Inlassablement, à intervalle régulier, la corne de brume du phare du Créac'h retenti. Il paraît qu'elle porte en mer à 18 kilomètres. Avec ce brouillard, ce n'est même pas la peine d'envisager d'observer en mer, et cette nuit ,couverte, n'a pas dû apporter beaucoup de nouveau migrateurs. Un petit tour aux réservoirs au centre de l'île devrait nous permettre de voir les cygnes.
A la sortie de Lampaul, un petit sentier descend sur la gauche. Le brouillard semble d'étaler sur une faible couche, et diffuse la lumière du soleil. Parfois même, un petit bout de ciel bleu apparaît furtivement. C'est dans ce décors bucolique, que soudain, au détour d'un virage, quatre cygnes s'offrent à notre vue, juste derrière la petite haie bordant le chemin. La corne de brume sonne, les cygnes broutent. Ce sont quatre adultes. Dans le champ, quelques grosses balles de paille attendent qu'un agriculteur vienne les récupérer. Les quatre cygnes semblent paisibles. Pourtant, à tour de rôle, ils exercent une surveillance des alentours. Pendant que le guetteur veille, les trois autres se gavent d'herbe grasse et tendre. De temps à autre la sentinelle bat des ailes. Puis se met à son tour à manger, et un autre prend le tour de garde. Ils semblent bien organisés.
Finalement, sans raison apparente, d'un élan commun, les trois cygnes s'élancent, tandis que le quatrième ne bronche pas. Courant et battant des ailes simultanément, deux réussissent sans peine à s'envoler. Quant au troisième, c'est face à nous qu'il tente son décollage. Course, battement énergique des ailes, il fonce dans notre direction. " Il n'arrivera jamais à prendre suffisamment de hauteur pour franchir la petite haie bordant le champ " pensons-nous. Il a dû lui aussi le comprendre, et renonce à prendre son envol. Il s'arrête à 10-15 mètres de nous et repart de son pas chaloupé vers le centre du champ, rejoindre son compagnon. Ils trompètent, et les deux autres oiseaux volant leur répondent. Ils semblent là, tout près, au dessus de nos têtes, mais restent masqués par le brouillard. Les rougegorges émettent leur cris au milieu des fougères sèches. Quelques centaines de mètres plus loin, nous voilà au réservoir. Près d'une roselière, une foulque émerge du brouillard. Plus loin, dans une ambiance grand nord - lac entouré de phragmites jaunies et de saules dénudés, sous une légère brume-, trois autres cygnes voguent paisiblement, comme hors du temps. Dépaysement total garanti !
Le reste de la matinée, une prospection des buissons près des réservoirs (Pount Salaün) ne nous permet de découvrir qu'une vingtaine de pouillots véloces, un fitis tardif, ainsi qu'une bécassine des marais.
Nous passons à proximité d'Arland, et nous en profitons pour retourner voir le pouillot à grands sourcils. Il est toujours au rendez-vous, fidèle au poste. Nous nous installons au milieu du buisson en compagnie d'un rougegorge pas farouche du tout. Il s'approche tout près de nous, se pose, tantôt perché sur une belle branche moussue, tantôt au sol sur un tapis de feuilles mortes. Les quelques miettes de pain que nous lui lançons semble lui convenir, et il s'en empare très rapidement. Son manège semble intéresser d'autres rougegorges, car maintenant, ils sont trois à nous tourner autour. Mais les deux autres sont nettement plus farouches, n'osant pas s'approcher pour picorer les miettes lancées à leur effet. Le croassement d'un couple de grands corbeaux nous tire de notre rêverie…
Revenons à notre pouillot à grands sourcils. Comme tous les pouillots, celui-ci ne tient pas en place. Aussitôt dans les jumelles, aussitôt envolé. Il est difficile à suivre, il faut le mériter. Il se déplace à peu près à hauteur d'yeux. Il est aisé d'observer son large sourcil jaunâtre, et lorsqu'il baisse la tête, c'est la pâle raie médiane qui orne le dessus de sa tête qui devient visible. Ses pattes sont rosées et ses ailes ornées de deux barres alaires jaunâtres. Il est un peu plus petit que le pouillot véloce. Le plus facile pour le repérer lorsqu'on le perd dans l'enchevêtrement des branches, c'est son cri bi syllabique. Le dessus ( nuque, manteau et dos) est vert sombre, ce qui le rend assez mimétique dans son environnement. Immanquablement, il fait le tour du buisson, semblant suivre un chemin visible par lui seul. C'est vraiment un bel oiseau. Pendant que nous étions dans le buisson, le brouillard en a profité pour se dissiper. Nous serions bien resté là encore un moment à l'admirer, mais il nous reste tant de merveilles à découvrir sur cette île.
Nous partons alors à la découverte de la péninsule de Penn Arland, à l'extrême est de l'île, à la recherche de l'alouette calandrelle. Un large chemin de terre conduit à la croix de Saint-Paul qui surplombe l'océan. Sur un des îlots au large de la pointe, nous observons un cormoran huppé à la huppe dressée, ainsi que quelques huîtriers au repos. Une petite pause casse-croute près de la croix nous permet de scruter la mer, à la recherche d'hypothétiques cétacés, mais en vain. Les craves profitent des courants aériens pour effectuer de longs vols planés terminés par un atterrissage tout en douceur dans la lande. Ces falaises sont également le terrain de chasse d'un faucon pèlerin.
Nous laissons nos vélos pour partir à la recherche de l'alouette calanderelle. Nous empruntons le chemin principal : large et bien tracé. Nous avançons prudemment, longue-vue sur l'épaule, prête à entrer en action. Au détour d'un virage, ça y est, elle est là, à une vingtaine de mètres de nous posée près d'une pierre blanche. Nous avons tout loisir de l'observer : poitrine claire et non striée, gros bec, et de teinte générale pâle. Elle possède en outre, un large sourcil blanc.
Au milieu des fougères et des rochers couverts de lichen, un étrange coléoptère sorti tout droit des temps préhistoriques apparaît. Assez gros, tout noir, muni d'une carapace noire luisante. Sur son dos, trois cornes, et sur sa tête, 2 antennes pourvues de 3 massues. Il s'agit d'un minotaure. Inoffensif, il se nourrit de crottes de moutons et de lapins, qu'il enfouit dans le sol sableux afin d'en nourrir ses larves. Un petit détour nous conduit à la pointe du Stiff, pour effectuer un peu de see watch, mais là non plus, toujours pas de dauphins. Par contre, le paysage vaut le détour.
Le massif phare du Stiff, est impressionnant avec sa large base, et ses bâtiments annexes au toit en bois. Prospection du marais du Créac'h à la recherche des bruants lapons, mais nous ne verrons qu'une quinzaine de bruants des roseaux et une bécassine des marais. Le soir, repas dans une crêperie de Lampaul. Le retour de la crêperie dans la nuit noire avec deux lumières pour quatre vélos rend le retour assez hippique.