Voyage en Bretagne (Finistère (29) et Ouessant)
26 octobre 2002 - 27 octobre 2002 - 28 octobre 2002 - 29 octobre 2002 - 30 octobre 2002 - 31 octobre 2002 - 1° novembre 2002 - 2 novembre 2002
28 octobre 2002
Nuageux et éclaircie. Vent moins fort. Ca y est, aujourd'hui, c'est le grand jour, celui de la traversée vers Ouessant. Brest 8h00 du matin, dans le port, un martin pêcheur zigzague entre les containers près du quai d'embarquement. Une place sur le pont du bateau est nécessaire afin d'être au premières loges pour observer en mer. 8h30, le bateau quitte le quai. Dès les premières minutes du trajet, les cormorans huppés font leur apparition, dans l'eau, en l'air et posés sur la jetée. La côte entre Brest et Le Conquet est superbe : beaux phares et magnifiques falaises. En mer, les fous commencent à devenir de plus en plus nombreux au loin. Le premier alcidé rencontré est un pingouin torda, qui se laisse dépasser par le bateau, juste à la sortie du port. Sans doute est-il venu se réfugier là hier pour éviter la tempête. Aujourd'hui, longeant la côte, on observe de nombreux vols d'alouettes des champs, elles aussi, sans doute bloquées jusqu'à aujourd'hui par le fort vent des jours derniers. Au Conquet, le bateau embarque de nombreux voyageurs. | ||
Vers Molène, nous observons deux macareux moines en vol au ras de l'eau. Sur les récifs bordant Molène, quelques huîtriers pies, goélands argentés et marins ainsi que quelques cormorans huppés. Après Molène, ce sont quatre guillemots de Troïl qui nagent à proximité du bateau. Un plongeon arctique croise notre route, volant au ras de l'eau. Les plus chanceux, lors de l'arrivée à Ouessant, observeront un grand dauphin, au pied des falaises du Stiff. | ||
A peine débarqué, on récupère 4 vélos. Le loueur transporte nos bagages jusqu'au centre ornithologique où nous allons séjourner durant 5 jours. Cette première balade en vélo à travers l'île pour rejoindre le centre (6 kilomètres), nous permet d'entrer en contact avec les premiers oiseaux ouessantins. Troglodytes, rougegorges et merles noirs sont partout. Dans les fougères jaunies et genêts chante la fauvette pitchou. Un petit arrêt à Lampaul, pour le pain de midi. Dans les prairies de Palurc'hen, le long de la route, 15 cygnes sauvages attirent notre attention. Il y a des juvéniles au plumage grisâtre et au bec rosé, accompagnés de magnifiques adultes. Ils sont en train de brouter, arrachant des touffes d'herbes, comme le feraient des oies domestiques. A y regarder de plus près, on aperçoit également, couchées dans l'herbe grasse sept oies rieuses du Groenland (flavirostris). Certaines ont du blanc à la base du bec, ce sont des adultes, alors que les jeunes n'ont pas cette tache. Quelques courlis cendrés se nourrissent là également. | ||
En sortant du centre, le moulin du Caraes dépassé, nous apercevons 4 cygnes chanteurs tout proches, dans un trou d'eau du marais du Niou. Il y a un adulte et 3 jeunes. Lorsqu'ils se couchent, ils disparaissent alors complètement. De temps en temps, ils tendent le cou, et alors, c'est comme un périscope apparaissant au dessus de la surface de la végétation. L'adulte semble ouvrir la route aux jeunes, plus petits d'une tête. Lorsqu'ils s'éloignent, pour rejoindre leurs compagnons dans la prairie du Niou, les jeunes suivent en file indienne d'un pas chaloupé l'adulte. L'après-midi est consacrée à la prospection des falaises de Dirzo, à la recherche de l'hypothétique femelle de traquet pie. Malheureusement, elle n'a pas été revue depuis la veille. Au dessus de la lande, le busard des roseaux est omniprésent. Il est d'ailleurs nicheur sur l'île apprendrons nous au " log " dans la soirée. Les rochers battus par les vagues abritent l'huîtrier pie. La pelouse rase est le domaine du crave à bec rouge et du pipit farlouse. Dans le jardin d'une maison aux volets clos, un bruant zizi a choisi le couvert des arbres comme refuge. Il est exceptionnel sur l'île. | ||
De retour au centre ornitho, on s'arrête longuement devant le petit carré de maïs qui sert de gîte et de couvert à de nombreux passereaux : bruants des roseaux, pinsons des arbres, verdiers et faisans de Colchide. La fin d'après-midi est consacrée à la découverte de Yusin, sur la côte nord de l'île, où nous trouvons un rocher derrière lequel il est possible de 'abriter du vent et qui va nous permet de faire un peu de see watch, juste ne face l'île de Keller et son unique maison. A défaut de quantité, nous avons la qualité : outre les maintenant habituels fous de bassans, et cormorans huppés, nous pouvons observer une mouette de Sabine, des mouettes tridactyles et deux puffins fuligineux. Ces oiseaux pélagiques utilisent admirablement toutes les ressources offertes par le vent et les vagues. Ils volent au ras de l'eau, semblant s'enfoncer dans le creux des vagues, remontant ensuite sur la crête suivante. Quel spectacle ! Un goéland marin, couché sur son rocher, nous observe du coin de l'œil. A la nuit tombante, nous regagnons le centre ornitho. Après le 'log' qui permet de centraliser les observations du jour, visite au pied du phare du Créac'h. | ||
La nuit, ce phare, haut de 50 mètres illumine de son double faisceau la mer jusqu'à 60 kilomètres au large. Etant donné cette longue portée, il n'est pas étonnant qu'il attire, tel un aimant les nombreux oiseaux migrateurs nocturnes passant dans son rayon d'action. Ce soir, ce sont principalement des grives mauvis qui étaient captivées par les faisceaux du phare. C'est la même impression que lors des soirées estivales, lorsque la nuit tombée, les papillons scintillent et tournoient autour du halo d'un lampadaire. Mais contrairement aux papillons, les oiseaux eux ne se brûlent pas les ailes. Mais pour certains, leurs sort n'est pas plus enviable, puisqu'ils s 'épuisent des heures durant à tourner autour de cette source lumineuse, comme déboussolé ou hypnotisé par cette puissante lumière nocturne. Si bien qu'ils meurent ensuite d'épuisement. Vers 23 heures, sur le chemin du retour, on commence déjà à trouver les oiseaux morts. D'ailleurs, il y a une coutume sur l'île qui dit que durant les longues nuits de brouillard, en automne, les iliens venaient en voiture, en fin de nuit pour ramasser les oiseaux morts, afin de les manger. Le plan d'action pour le lendemain est vite élaboré : la météo annonçant une accalmie des vents, et un temps alternant nuages et éclaircies, il nous faut chercher les passereaux égarés dans les 'buissons' de l'île. Pour notre part, ce seront les buissons de Stang Korz. Et c'est la tête pleine d'images que l'on tombe dans les bras de Morphée. |