Voyage en Bretagne (Finistère (29) et Ouessant)

26 octobre 2002 - 27 octobre 2002 - 28 octobre 2002 - 29 octobre 2002 - 30 octobre 2002 - 31 octobre 2002 - 1° novembre 2002 - 2 novembre 2002

29 octobre 2002 : alternance d'éclaircies et de passages nuageux. Pas de vent.

Au petit matin, visite au phare du Créac'h. Tous les oiseaux attirés par les faisceaux nocturnes du phare n'ont pas eu à subir le même mauvais sort que les grives trouvées morte la nuit dernière. Autour du phare, les passereaux sont nombreux à reprendre des forces dans les pelouses rases : ici quelques rougequeues noirs et un traquet motteux et là, des rougegorges et des merles noirs. Il y a même quelques lapins, pas arrivés par la voie des airs, dans les plates-bandes bordant le phare et le sémaphore. Dans le brouillard qui s'effiloche, une bergeronnette de Yarell, juchée sur son cailloux semble veiller sur les alentours et ses diverses compagnons : grives mauvis, accenteurs mouchets, deux bergeronnettes grises juvéniles, et pipits farlouses. En retournant vers le centre, un vol mixte de pinsons des arbres pinsons du Nord, et sizerins flammés survole la route.
Comme prévu la veille au soir, nous partons donc pour le vallon de Stang'Korz et ses 'buissons', dans la partie sud de l'île. Nous laissons les vélos près de la plage de Korz. Quelques grands gravelots et tourne-pierres cherchent pitance parmi les goémons sur la plage. Dans la roselière qui couvre la partie basse du vallon, quelques râles d'eau font entendre leur cri caractéristique. Un busard des roseaux survole la lande buissonnante environnante, bientôt pris en chasse par trois corneilles noires. Plus haut sur le coteau, parmi les fougères, et les ronces, le troglodyte mignon et la fauvette pitchou semblent se répondre l'un l'autre, tant leurs voix semblent fortes. Puis, peu à peu la roselière laisse place à un épais enchevêtrement de buissons où les pouillots véloces, roitelets huppés et triple bandeaux règnent en maîtres. La cime des plus grands arbres accueille le bouvreuil pivoine. Dans le ciel passe une bande d'une trentaine de tarins des aulnes. Après avoir pénétré les bosquets d'arbres, et observé tous les passereaux, il faut bien se rendre à l'évidence, il n'y a pas d'oiseaux rares. Nous choisissons alors de nous diviser en deux équipes, en fonctions de nos envies.
Nous partons alors en direction de Porz Doun. Vingt-deux grands gravelots des adultes et premier hiver et quelques tournepierres à moitié endormis se laissent admirer à courte distance sur les rochers de Kijou en contrebas de la route. Arrivé à Porz Coret, nous laissons les vélos afin de parcourir à pied la côte. La baie abrite les habituels oiseaux de l'île. Quelques pipits maritimes capturent des insectes dans les goémons. Sur la pelouse rase, quelques craves et nombreux pipits farlouses cherchent pitance. Le paysage côtier change peu à peu. Les plages de sable fin laisse place à un enrochement de plus en plus présent. Sur ces rochers, un courlis corlieu semble passif, puis il s'active, apparaissant , disparaissant au gré du relief. Un second apparaît. C'est vraiment un bel oiseau avec son bec grêle et incurvé, et sa tête ornée d'une raie médiane sombre. Un peu plus loin, à notre passage un chevalier gambette aux pattes rouges s'envole. Dommage, on ne l'avait pas vu avant. Les rochers laissent place à de petites falaises avant de redevenir, un peu plus loin à nouveaux des rochers.
 
Arrivé à Portz Doun, nous scrutons les rochers à la recherche des bécasseaux violets. Mais notre attention est rapidement attirée par une masse ronde dans l'eau, au pied d'un îlot rocheux tout proche de la côte. Il s'agit d'un phoque gris, reconnaissable à son pelage tacheté, et à la forme de sa tête (long museau conique). Sur fond de rocher, on distingue parfaitement ses moustaches et ses cils blancs. Il reste ainsi, tête hors de l'eau plusieurs minutes durant, puis plonge en courbant son corps, tout en douceur, sans aucune éclaboussure et disparaît complètement sous l'eau. Quelle grâce ! Parfois, ses nageoires arrières sortent de l'eau. Sa plongée dure bien plus longtemps que le temps où sa tête émerge de l'eau. La durée de l'immersion, étant de plusieurs minutes, tout en continuant à surveiller du coin de l'œil sa sortie, nous reprenons notre recherche dans les rochers. C'est d'abord un, puis deux bécasseaux violets que nous découvrons, accompagnés de deux tournepierres. Avec leur plumage sombre et leur bec bicolore, ils sont facilement identifiables. Leur comportement est assez surprenant, alternant, quelques instants d'intenses activités avec des phases de repos complètes. Plus loin, au large dans la baie, un autre îlot sert de reposoir à huit courlis corlieux, deux huîtriers pies, et quelques tournepierres.
Plus loin, derrière le phare de la jument dresse sa silhouette droite comme un i au dessus de l'océan, très calme aujourd'hui. En face, de l'autre côté de la baie de Lampaul, le phare du Créac'h offre sa silhouette filiforme à notre regard. Déjà une heure que l'on est là, il est temps de continuer, ou plus exactement de retourner vers Lampaul. Tout près des vélos, dans la baie de Porz Coret, une barge rousse sonde le fond de son long bec bicolore. Sa démarche, pattes tendues la fait ressembler à un automate qui se déplace. L'après-midi, dans la prairie de Palurc'hen, s'envolent trois bruants lapons alors que l'on observait les cygnes sauvages et les oies rieuses. Nous les suivons avec les jumelles, et nous les voyons se poser. Rapidement, les vélos nous permettent de rejoindre ce pré, mais malgré nos recherches à l'aide des jumelles et des longue-vues, impossible de le retrouver. Ils doivent être masqués par le relief du terrain. Classiquement, la journée se termine vers le Créac'h. En vol, au dessus de l'océan, passe une aigrette garzette et un héron cendré. Dans les rochers au pied du phare, un huîtrier se laisse longuement observer. Il commence par détacher une patelle (chapeau chinois) d'un rocher, puis la tourne dans son bec avant de l'avaler. Visiblement repus, il s'octroie un petit somme, sur une patte. Après le repas du soir, notre promenade digestive nous conduit à nouveau au phare. Les grives sont encore plus nombreuses que la veiller à tournoyer : au moins une centaine de points scintillent dans les faisceaux. Les gardiens ont déposé, comme à leur habitude, sur les murs d'enceinte du phare, les cadavres récupérés la veille. Ce soir ce sont deux grives mauvis et deux alouettes des champs. Dans la nuit, le brouillard tombe, et la corne de brume retenti.