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Florilège d’oiseaux rupicoles
Observations réalisées le 30/12/2001


Montagne de Crigne vue depuis le village de Monetier-Allemont (05)

Par cette belle journée de fin décembre, ciel bleu sans nuage, soleil radieux et températures douces/ 13h30, je laisse la voiture sur le parking, au pied de la montagne de Crigne. Je m'engage dans la pinède que traverse le sentier. J'y suis accueilli par une ronde de mésanges : nonnettes, bleues et à longues queues, qui m'accompagnent un temps de leurs doux gazouillis. Un peu plus loin, il faut traverser un petit ruisseau que j'enjambe aisément. En contre-bas , dans un passage encaissé, celui-ci est encore totalement gelé, et l'eau coule sous une croûte de glace. Changement de versant, changement de décors : me voilà dans les marnes. Le sentier devient de plus en plus raide, les lacets de plus en plus serrés. L'endroit est calme, même pas un chant d'oiseau ! Parmi les cailloux du sentier, de ci de là, quelques fossiles : des morceaux d'ammonites. La montée s'effectue sans mal. Plus je monte, plus il fait chaud. La végétation devient méditerranéenne : thym et genêts bordent le sentier. Le but est proche, la falaise orientée sud - sud/ouest que j'ai choisi d'observer est toute proche. En fait, j'y suis au pied. Je m'octroie une petite pause afin de déterminer le meilleur poste d'observation. Un buse variable en profite pour se laisser admirer. Elle sort de derrière la falaise et décrit quelques cercles et s'élève rapidement, puis disparaît de nouveau, masquée par le surplomb rocheux. Ici ce n'est pas un bon point d'observation. Je continue donc le sentier afin de m'éloigner de la falaise, et pour parvenir à même niveau. L'entrée du cirque est fermé par une clôture de barbelés. L'endroit est en effet pâturé par des chevaux à la belle saison. Je passe la barrière et referme scrupuleusement la barrière derrière moi. Le lieu est pas mal, la vue splendide. Encore 2 ou 3 lacets et je m'arrête. Je m'éloigne un peu du sentier pour être à l'abri des regards des autres promeneurs, car c'est sur, avec ce beau temps, d'autres personnes monteront ici. Je déplie le pied, sort la longue-vue du sac à dos, prépare l'appareil photos. La falaise est là, en face de moi insolé par le soleil généreux. Au travers de la longue-vue, j'aperçois de nombreux insectes volants près de la paroi. Voilà qui devrait attirer bon nombre de gourmands oiseaux. Je suis bien installé, assis entre 2 touffes de thym, si bien qu'à chaque mouvement leur odeur m'empli les narines. C'est un régal !
Une bande de 5 passereaux s'agite là en face de moi. Ils volettent, se reposent, marchent un peu, s'élèvent à nouveaux de quelques mètres, se reposent, picorent dans les touffes d'herbes jaunies accrochées aux rochers : ce sont 5 accenteurs alpins. Rapidement , ils contournent la falaise et disparaissent de ma vue.

Accenteurs alpins

Je scrute maintenant la falaise de la longue-vue à la recherche du tichodrome, car ce site est un site d'hivernage pour cet oiseau ; quand soudain, une ombre traverse mon champ de vision. A l'autre bout de la falaise, se détachant sur le ciel bleu, une silhouette d'oiseau, de la taille d'un merle me semble-t-il se laisse tomber, ailes ouvertes, puis se pose quelques secondes, puis reprend sa chute telle une feuille morte, et disparaît dans ou derrière des genêts. Parades ? Je continue à chercher. Pendant 15 minutes, je ne vois rien. Puis enfin, j'aperçois un oiseau qui part du bas de la falaise, quelques battement d' ailes vigoureux l'élève jusqu'à un buisson accroché dans la falaise, sous un surplomb. L'oiseau est masqué par les branchages. Ce n'est pas un tichodrome, l'oiseau est sombre, ses ailes fines, et son allure, bien trop véloce. A nouveau, il s'envole et se repose un peu plus haut, sur un petit piton. Même à la jumelle il est invisible, … , mais à la longue-vue, surprise, il s'agit d'un merle bleu. Un mâle 1° hiver, ou une femelle je ne sais pas, ma littérature est assez imprécise concernant le plumage. Face et gorge légèrement mouchetée, dos uni avec des reflets bleu-gris métallique. Il est en poste sur cette pointe rocheuse à surveiller les insectes. Dès qu'il en voit un s'approcher de lui, il se laisse tomber dessus, et l'avale goulûment. Quelques coup d'aile et hop, le voilà à nouveau en poste. Par contre, s'il y en a 2, il ne décolle pas. Se questionne-t-il pour savoir lequel prendre ? La lumière est vraiment superbe. J'ai de la chance de voir à la fois l'oiseau et ses proies qui brillent sous le soleil. Cela me permet d'anticiper et de prévoir son décollage. Parfois, la visée est moins précise, et il capture l'insecte du bout du bec, et fini de l'avaler une fois perché. Je peux ainsi l'observer pendant ¾ d'heure. A un moment, un rougequeue noir vient se poser un instant à une vingtaine de centimètres de lui. J'ai alors les 2 oiseaux dans ma longue-vue. Je laisse le merle bleu à ses occupations un instant pour continuer ma recherche du tichodrome.

Merle bleu



Tichodrome échelette
Et bien m'en à pris car au bout de 20 minutes, enfin j'en aperçois un à l'autre bout de la falaise. Visiblement, il se cantonne plutôt sur l'autre versant (face ouest). Par 4 fois, il passe de mon côté, détaché sur fond de ciel., ses larges ailes rouges et blanches déployées. Puis il se repose sur la paroi. Une fois les ailes fermées, c'est vraiment minuscule et peu coloré comme oiseau. Pas étonnant qu'il passe facilement inaperçu. Heureusement qu'il vole beaucoup et qu'il ne se déplace que très peu en marchant. Pendant ce temps, le merle bleu en à profité pour changer de perchoir. Il est passé près d'une anfractuosité dans la falaise. Un endroit potentiel de nidification ?

Tichodrome échelette

Conclusion

En tous cas, cette observation est très intéressante puisque c'est la première mention de l'hivernage (altitude 800-850 mètres) du merle bleu dans les Hautes-Alpes. Ce site était déjà connu comme site de nidification (observé au moins en 96 et 97), mais aucune observation n'avait été mentionnée en dehors des mois de mars, avril et mai.


Détail du site


Position des oiseaux obsevés